Le 1er octobre, le président indonésien a « autorisé » son administration « à accepter l’aide internationale d’urgence pour répondre au désastre » qui a touché l’île de Célèbes. La ville de Palu a été secouée vendredi par un séisme de 7,5 puis frappée par un tsunami. 832 morts ont été recensés dans cette agglomération de 350 000 habitants. Ce même jour, les autorités recherchaient des informations concernant la région de Donggala, plus au nord.
L’aide de l’armée indonésienne...
« L’autorisation » du président indonésien n’est pas un appel à l’aide. Son pays est armé contre les désastres naturels, notamment depuis le tsunami de 2004 qui avait frappé Banda Aceh. « La protection civile – les pompiers, les équipes de recherche et de déblaiement – est bien formée. Le centre de coordination pour les risques naturels de l’organisation des pays du sud-est asiatique (Asean) a son siège à Djakarta », expliquait le 1er octobre François Grünewald, le directeur du groupe URD, un institut de recherche et d’évaluation des crises.
Après le tsunami de 2004, il rappelle que la France « a aidé à mettre en place des centres d’opérations, c’est-à-dire des salles équipées de vidéos, avec l’appui, durant deux ans, du colonel des pompiers français, Bruno Maestracci ». L’armée indonésienne est également en mesure d’apporter une aide. « Elle est organisée, avec les nombreux conflits qu’elle a dû gérer dans son histoire. Elle met à disposition des hôpitaux de campagne très efficaces », souligne François Grünewald.
... et des pays voisins
C’est l’ensemble de la région qui s’est armée et formée contre les typhons et les tremblements de terre. Aujourd’hui, l’aide « internationale d’urgence » mentionnée par le président indonésien devrait surtout venir des pays voisins, comme la Thaïlande, la Malaisie et Singapour. Les Philippines ne seront pas en mesure de proposer leur aide, car elles viennent elles-mêmes de subir un typhon.
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Les Indonésiens, qui bâtissent leur développement autour de la « ceinture de feu »sont conscients du danger de leur terre. Les habitants du plus grand archipel du monde sont régulièrement entraînés aux alertes tsunami.
« Cette fois-ci, il semble que l’alerte ait été levée trop tôt. On sait lancer une alerte. Il est plus difficile de juger du moment où il faut l’arrêter », poursuit le directeur du groupe URD. Les Indonésiens ont encore du chemin à faire pour parvenir au même degré de prévention que les Japonais, où « un enfant de 6 ans sait exactement ce qu’il doit faire en cas de tsunami » relève Michel Maietta, directeur de recherche à l’Iris.
Boire et manger, les deux priorités
Trois jours après le tsunami, il restait difficile d’intervenir sur place. L’aéroport de Palu est détruit. Dans ces conditions, la population locale a pris d’assaut les magasins pour s’alimenter et avoir accès à de l’eau potable. « C’est une question de pragmatisme. Boire et manger sont les priorités et les seuls stocks disponibles sont ceux des supermarchés », explique Michel Maietta.
Le 1er octobre, l’ONU pouvait affirmer que 191 000 personnes ont besoin d’une aide humanitaire urgente. « Les secours locaux jouent un rôle crucial dans les 72 premières heures. C’est la société civile indonésienne qui est en première ligne. Pas des ONG internationales qui n’interviennent pas dans cette zone. »
La diversité des cultures locales
Lors du tsunami de 2004, les psychologues envoyés par les ONG internationales pour gérer les chocs post-traumatiques sont repartis au bout de quinze jours. Ils ne pouvaient pas être efficaces face à la diversité des cultures locales.
« Les ONG internationales ne peuvent plus se permettre d’intervenir sans la société civile qui a la connaissance du terrain », affirme Michel Maietta. En Indonésie, cette société civile est organisée autour de deux pôles : le Croissant-Rouge indonésien, qui « regroupe des bénévoles et des salariés, tous entraînés », précise François Grünewald ; et les petites entreprises privées, « très engagées dans la réponse aux catastrophes et qui ont une vraie conscience de solidarité ».